(Courriels de diversion: <raturent@pleurerai-redoutable.com> <planifies@ennuierait-impudique.com> <reflechirons@directifs-gladiateurs.com> <beurre@retabliras-blaspheme.com> <freezers@drop-branchements.com> <degringolant@tairait-forcats.com> <deteindre@renonciation-quantifierent.com> <reevalue@idealisera-detellerais.com> <picorent@tartufe-cueillerons.com> <chevalerie@enhardisse-pope.com> )


>>>>> "gb" == Guillaume Betous <gbetous@netpratique.fr> writes:
  gb> Pour aller à des exemples extrêmes, je n'en veux pas spécialement au mec
  gb> qui a balancé la bombe sur Hiroshima. C'est un militaire, il est au
  gb> service des politiques, on ne lui demande (surtout) pas son avis. C'est
  gb> pas lui le pb. C'est meme pas celui qui a construit la bombe, et encore
  gb> moins ceux qui ont découvert et étudié la radioactivité. Non, le pb
  gb> c'est celui qui a dit "on va balancer une bombe sur Hiroshima".

  Je ne suis pas entièrement d'accord avec toi. Ceux qui ont découvert et étudié
  le phénomène de fusion nucléaire avaient à mon avis un devoir d'alerte de la
  population, pour l'informer des conséquences possibles de ces nouvelles
  technologies. En 1941 ils est évident que d'autres impératifs moraux prenaient
  le dessus sur ce devoir, mais notez par exemple qu'Einstein, après avoir
  co-rédigé une lettre à Roosevelt sur l'intérêt militaire de travailler sur la
  fusion nucléaire, qui a entrainé la création du projet Manhattan puis le
  développement de l'arme nucléaire, a senti une lourde obligation morale
  d'utiliser son influence pour promouvoir un meilleur contrôle international de
  ces technologies. Il a en particulier été signataire d'un manifeste en 1955
  avec Bertrand Russel :

     http://en.wikipedia.org/wiki/Russell-Einstein_Manifesto
     http://en.wikipedia.org/wiki/Einstein-Szil%C3%A1rd_letter

  Einstein écrivait « je ne sais pas comment la troisième guère mondiale sera
  combattue, mais je peux vous dire avec quoi ils se battront dans la
  quatrième : des pierres ». Il est intéressant de noter que le FBI américain
  avait un dossier de 1400 pages sur Einstein.

  Ce rôle de « lanceur d'alerte », ou devoir d'informer les personnes concernées
  lorsqu'on dispose d'informations privilégiées sur une menace précise, est
  reconnu dans différentes législations ou codes de bonnes pratiques :

    - tout docteur en médecine a l'obligation légale de signaler des maladies à
      caractère professionnel dont il aurait connaissance (L. 461-6 du Code de
      la Sécurité Sociale)

    - Le commissaire aux comptes d'un organisme a l'obligation d'alerter les
      dirigeants « des faits de nature à compromettre la continuation de
      l'exploitation » (Code de Commerce article L 234-1) ; il existe en devoir
      analogue pour le Comité d'Entreprise en matière sociale

  Dans la mesure où, en tant que passionnés d'informatique, nous avons une
  compréhension privilégiée des risques que présentent les nouvelles
  technologies informatiques, j'estime que nous avons une responsabilité d'y
  sensibiliser nos concitoyens. Sans cette information, les mécanismes
  démocratiques dans ce fil pourraient ne pas suffire à éviter des dérives
  totalitaires.

  Pour revenir sur le sujet du fil, je suis d'accord avec ton argument (et celui
  de Manu) qu'il n'y a pas grand chose de spécifique aux logiciels libres dans
  cette question, mais n'empêche qu'elle se pose également pour les logiciels
  libres.


  gb> Le soucis sera le jour où un dictateur dira "je prends toutes les
  gb> personne snées en 75, dont le prénom commence par G et je leur coupe les
  gb> couilles". Evidemment, grâce à un fichier, ce sera plus facile pour lui
  gb> de me retrouver.

  tant que seuls les prénoms commençant par G sont concernés, hein :-)


  J'ai envie de citer l'extraordinaire discours d'Eisenhower à la fin de son
  second mandat, sur les risques liés au développement de la recherche militaire
  aux USA:

,---- http://coursesa.matrix.msu.edu/~hst306/documents/indust.html
|  Cette conjugaison d'un immense establishment militaire et d'une vaste industrie
|  d'armement est une nouveauté dans l'expérience américaine. L'impact résultant –
|  économique, politique, et même spirituel – est ressenti dans chaque cité, chaque capitale
|  d'État, chaque bureau du gouvernement fédéral. Nous admettons la nécessité impérieuse de
|  cette évolution. Pour autant, nous ne devons pas manquer d'en comprendre les graves
|  implications. Nos labeurs, ressources et modes de vie sont tous affectés ; et aussi la
|  structure même de notre société.
| 
|  Dans les centres de décision gouvernementaux, nous devons nous prémunir contre
|  l'acquisition d'une influence injustifiée, qu'elle soit recherchée ou non, par le
|  complexe militaro-industriel. Le potentiel existe, et persistera, pour la montée
|  désastreuse d'un pouvoir déplacé.
| 
|  Nous ne devrons jamais laisser le poids de cette coalition menacer nos libertés ou nos
|  processus démocratiques. Nous ne devrions rien tenir pour acquis. Seule une communauté de
|  citoyens vigilants et informés peut assurer la compatibilité de cette énorme machine de
|  défense industrielle et militaire avec nos méthodes et nos objectifs pacifiques, et faire
|  en sorte que sécurité et liberté puissent prospérer ensemble.
|  
|  Liée aux changements profonds dans notre système militaro-industriel, et largement
|  responsable de cette transformation, se trouve la révolution technologique survenue au
|  cours des récentes décennies. Au cours de cette révolution, la recherche est devenue
|  centrale ; elle est aussi devenue plus complexe, formalisée et coûteuse. Une proportion
|  sans cesse croissante est conduite pour et par le gouvernement fédéral, et sous sa
|  direction.
|  
|  De nos jours, l'inventeur solitaire, bricolant dans son atelier, a été éclipsé par de
|  puissants groupes de chercheurs travaillant dans des laboratoires et centres d'essais.
|  De la même manière, l'université autonome, source historique des idées libres et de la
|  découverte scientifique, a subi une révolution dans la conduite de la recherche. En
|  partie à cause des énormes coûts impliqués, un contrat gouvernemental devient
|  virtuellement un substitut à la curiosité intellectuelle. Pour chaque ancien tableau
|  noir, il y a maintenant des centaines de nouveaux calculateurs électroniques.
| 
|  La perspective de la domination de nos savants par l'emploi fédéral, les allocations de
|  projet, et le pouvoir de l'argent, est omniprésente, et doit être considérée avec
|  sérieux. Mais en même temps, tout en respectant comme il convient la recherche et la
|  découverte scientifiques, nous devons être vigilants à l'égard du danger égal et opposé,
|  à savoir la mainmise d'une élite techno-scientifique sur la politique publique.
`----

-- 
Eric Marsden

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