(Courriels de diversion: <fastueux@plaidoirie-typo.com> <gaussait@independante-epandage.com> <accoutumes@mourante-maintiendriez.com> <surgir@apostasier-foncerai.com> <delivreraient@usurper-valoriserais.com> <proprietaire@bafouilleuse-consequente.com> <depossession@depensieres-estime.com> <recoifferez@suspensive-pleurais.com> <blondissaient@betonnais-amenuiseriez.com> <protagoniste@enlaca-massivement.com> )


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jdd

-------- Original Message --------
Subject: Re: Logiciels libres, pas d'innovation sans liberte
Date: 15 Jul 2004 15:55:13 +0200
From: Joseph Saint Pierre <Joseph.Saint-Pierre@cict.fr>Organization: Centre Interuniversitaire de Calcul de Toulouse
Newsgroups: toulouse.petites-annonces.autres
References: <ccehl7$jov$1@news.cict.fr>
jdd <listes-mail@euro-formation.com> writes:
>      Destinataires: Tous les médias
> 
> VENUE DE RICHARD STALLMAN À TOULOUSE LE SAMEDI 10 JUILLET 2004
> Sur le thème : « Logiciels libres, pas d'innovation sans liberté »

[...]

Bonjour,

Le samedi 10 Juillet 2004 à partir de 15h00 j'ai assisté à une
conférence consacrée aux logiciels libres dans le grand auditorium de
l'université Paul Sabatier (sur le campus de la faculté des sciences
118 route de Narbonne). La conférence était essentiellement consacrée
à une intervention de Richard Stallman, l'initiateur d'emacs, du
projet GNU, de bien d'autres choses, un ardent défenseur de la liberté
dans le domaine du logiciel.

Depuis cette conférence j'ai raconté plusieurs fois quelles avaient
été mes impressions après trois heures d'exposés et de questions,
un de mes collègues m'a demandé de rédiger un petit texte
et j'ai suivi ces conseils. Voici donc un petit compte-rendu
très personnel accompagné de quelques petites digressions.

Richard Stallman est arrivé un peu après 16h00 et devant un public
assez nombreux a délivré, dans un très bon français, une conférence
éblouissante pour défendre la liberté dans le domaine des logiciels en
insistant très fortement sur les liens entre cette liberté et la
liberté en général et d'autres valeurs humaines. Contrairement à ce
que je craignais l'intervention de Richard Stallman a été très peu
technique et avait une dimension beaucoup plus universelle, les
aspects philosophiques, moraux, économiques, juridiques m'ont semblé
plus importants. Un élément essentiel de la présentation de l'exposé
de Richard Stallman est son humour extraordinaire, il a notamment
terminé son intervention par un numéro d'évangélisateur prêchant la
bonne parole. Cette séance a été pour moi un morceau comique
extraordinaire, j'ai rarement autant ri dans ce sinistre bâtiment
administratif rappelant l'architecture roumaine période Ceaucescu.

Si le public était assez nombreux dans l'auditorium il me semble que
celui était relativement peu varié et la présentation de la conférence
ne m'a pas semblé à la hauteur de l'événement. Compte tenu de la
notoriété de Richard Stallman, la conférence se déroulant dans les
locaux de l'université Paul Sabatier je pensais voir des "autorités"
(président, vice-président) de celle-ci faire l'accueil et la
présentation du conférencier. Sur la tribune, pendant l'exposé il y
avait deux doctorants et quelqu'un qui ne s'est pas présenté mais
devant appartenir à l'association "CULTe", Richard Stallman ayant été
invité à Toulouse par le Collectif des Doctorants Toulousains (CDT) et
le Club des Utilisateurs de Linux de Toulouse et environs (CULTe).  De
par ma connaissance du milieu des doctorants Toulousains je pense que
le CDT est surtout représenté et actif dans l'UFR MIG (mathématiques
et informatique) de l'université Paul Sabatier et très peu présent
dans les autres universités et grandes écoles de Toulouse. Par
ailleurs n'étant pas du tout informaticien et n'ayant aucune
connaissance particulière sur Linux je me sens très éloigné des
objectifs d'un club comme le CULTe et j'ai eu l'impression que le
public de la conférence était essentiellement composé d'informaticiens.

D'après moi le discours de Richard Stallman était, en raison de sa
teneur philosophique et de son absence de jargon technique de
compréhensible par tout utilisateur de logiciel y compris par les
littéraires se servant des ordinateurs uniquement pour faire du
traitement de texte. J'ai certes reconnu certains visages de
l'université du Mirail mais il me semble qu'il s'agissait
d'informaticiens de cette université, voire peut être de l'IUT de
Blagnac qui a été cité pour son action par rapport aux logiciels
libres. Je pense qu'il y avait très peu de non scientifiques dans
l'auditorium et je trouve cela dommage. En tant que mathématicien dans
le Centre Interuniversitaire de Calcul de Toulouse, je tâche de
promouvoir l'usage des logiciels des libres dans mon domaine (les
statistiques) auprès de l'ensemble des universités Toulousaines et
surtout auprès de l'ensemble des disciplines. J'ai l'impression que
l'intérêt pour les logiciels libres est surtout présent chez les
scientifiques (pas tous) et dans certaines entreprises de haute
technologie mais qu'il est relativement absent dans le grand public,
dans l'éducation et dans les universités. Je crains que l'image des
logiciels libres reste longtemps associée à la technicité et à même un
certaine ésotérisme accessibles aux initiés d'un culte :-)

J'ai l'impression qu'il existe, à Toulouse, une séparation de plus en
plus grande entre les scientifiques et reste de la population,
notamment en raison de la plus forte séparation entre les
universités. L'université Paul Sabatier tient fortement à son identité
scientifique, technologique et médicale ainsi qu'à son autonomie, les
réflexions philosophiques, morales juridiques ou historiques sur les
sciences et la technologie sont y structurellement absentes. Cela
rendait la conférence de Richard Stallman originale dans ces lieux.
Je pense que l'un des intérêts essentiels des logiciels libres réside
dans les notions de partage et de coopération entre les concepteurs,
développeurs de logiciels et les utilisateurs avertis ou non de ces
logiciels. Je trouve ces idées très bonnes et je les trouve opposées
aux comportements de l'université Paul Sabatier qui insiste sur
l'autonomie et la compétition entre les universités.

La séparation des universités Toulousaines a induit, à mon avis, une
séparation des activités et même des habitants, je pense que la
création du campus de Rangueil et du complexe scientifique (INSA,
Supaéro, ENAC, CNES etc...) a favorisé l'installation d'entreprises
technologiques à Labège, Ramonville etc... dans une certaine mesure
entraîné l'installation de cadres, enseignants, chercheurs dans le
quartier Rangueil et les communes périphériques notamment Ramonville.
Ramonville me semble fortement marquée par la proximité de
l'université scientifique de Toulouse. J'ai appris lors de la
conférence que le CULTe se trouvait à Ramonville, que le député-maire
de cette commune a pris le repas de midi avec Richard Stallman.  Il
m'est souvent arrivé d'assimiler Ramonville et Blagnac, la sociologie
de Blagnac est fortement influencée par la présence de l'aéroport et
des industries aéronautiques, celle de Ramonville par le complexe
scientifique. Les associations technologiques ou scientifiques peuvent
aider à la diffusion des savoirs (ou des logiciels libres) mais je
crains que leurs actions ne puissent aller à l'encontre de tendance
sociologiques lourdes.

J'ai particulièrement apprécié que Richard Stallman présente sa
conférence sans transparent, ni diapositives ni rétroprojection,
uniquement par la parole avec l'aide d'un microphone. Je pense que
l'utilisation d'un ordinateur n'aurait strictement rien ajouté à la
profondeur de son discours. On pouvait légitiment craindre d'avoir
droit à un exposé avec l'utilisation de logiciels libres en direct
représentée sur un écran. Je suis favorable à l'utilisation des
logiciels libres de préférence aux logiciels propriétaires mais je
pense qu'il vaut mieux souvent se passer de tout moyen informatique.

Très cordialement.

-- 
Joseph Saint Pierre
http://cict.fr/~stpierre

-- 
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