1) Présentation
Je m'appelle Olivier Fourdan, et je travaille comme Ingénieur de Production. Malheureusement, mon employeur ne m'autorise pas a divulguer son nom.
Bien évidemment, tout ce que je vais dire ici n'est que mon opinion personnelle et ne représente en rien les idées de mon employeur.
Je suis l'auteur de XFce, un système de gestion de fenêtres pour X-Window sur Linux disponible gratuitement avec ses sources sur le Web (http://www.xfce.org).
J'utilise Linux depuis 1994. Sans être un pionnier, j'ai vu depuis 5 ans pas mal évoluer la situation de Linux. Au départ, lorsque je parlais de Linux, la seule réponse que je recevais était "Li... quoi ?"
Ensuite, il y 3 ans lorsque j'ai commencé à travailler dans l'exploitation (dans une entreprise de service, à l'époque), j'ai essayé de parlé de Linux; un responsable technique m'a répondu qu'il ne fallait pas se faire d'illusions, que Linux ne serait jamais utilisé en Production Informatique parce que c'est un domaine critique pour l'entreprise.
Ensuite, lorsque j'ai rejoint mon employeur actuel, j'ai récidivé ! J'ai cherché à parler de Linux, mais on m'a répondu qu'il ne fallait surtout pas faire entrer de tel système dans l'entreprise !
Et puis, le temps à passé, de nombreux articles de presses sur Linux sont apparus, Oracle a annonce la disponibilité de Oracle 8 Server sur Linux... et les choses vont certainement encore changé !
2) Linux pourquoi, pour qui ?
Personnellement, je ne pense pas que Linux puisse, dans un avenir proche du moins, détourner les utilisateur bureautiques de leur Windows ou de leur Mac. Dans ce domaine certainement plus qu'ailleurs, les habitudes des utilisateurs restent la valeur la plus sûre pour les éditeurs classiques de Systèmes d'exploitation pour Micro. C'est également un domaine ou la fiabilité du système et des logiciels n'est pas la préoccupation essentielle des éditeurs ou même des utilisateurs ! Oublions donc une utilisation bureautique, même si Linux présente d'excellents outils pour cela (tel ApplixWare , StarOffice, etc.)
Idem pour l'utilisation "Grand Public". Linux est un système calqué sur UNIX, or on sait très bien que UNIX nécessite souvent l'expertise d'un Administrateur Système. Aujourd'hui Linux est principalement utilise par les informaticiens ou les passionnés avertis. Cela dit, d'autres systèmes vendus pour leur simplicité d'administration requièrent tout autant le savoir faire d'un administrateur, si vous voyez ce que je veux dire !
Là ou Linux peut et doit se faire une place c'est dans l'entreprise, ou l'informatique est un outil qui doit être fiable et performant tout en restant le moins cher possible.
Parmi toutes les fonctions de l'informatique dans l'entreprise, il y a mon avis deux tendances essentielles :
· La communication, en interne et en externe
· La gestion des données de l'entreprise.
Bien évidemment, les deux peuvent être combinées !
Aujourd'hui Linux est capable de couvrir ces deux fonctions.
Linux, comme d'autre systèmes gratuits comme Free BSD se sont ainsi fait une place de choix dans tout ce qui est réseau et web, notamment en ce qui concerne les pare-feu.
Issu du Web, Linux a toujours intégré de nombreuses fonctions réseaux à l'image de son grand frère UNIX.
Premier a avoir (au départ non officiellement) mis le doigt dans l'engrenage, Netscape a depuis pas mal de temps déjà porté ses navigateurs sous Linux. Aujourd'hui, Netscape annonce le portage de ses serveurs (Netscape Directory Server et Netscape Messaging Server).
Oracle s'engage également dans cette voie en annonçant la disponibilité prochaine de son Oracle Application Server. Et là, les deux fonction cites auparavant se rejoignent : La communication et les données de l'entreprise.
Une fois, j'écoutais une conversation entre deux personnes qui s'accordaient a dire que monter un serveur Web était bien plus facile sous Windows NT que sur Unix, car sur NT, il suffisait de brancher la machine, d'insérer le CD pour procéder a l'installation pour qu'à la fin le serveur soit prêt.
Aujourd'hui Linux en est la, on insère le CD dans le lecteur, on répond a quelques questions et zou, 1/4 d'heure après le serveur Web est prêt.
Et si l'installation de Linux est maintenant au même niveau qu'une installation d'un autre OS commercial, il faut bien voir que la différence va se faire en temps de disponibilité du serveur et dans l'optimisation des accès aux fichiers pour les pages Web. Or la, Linux fait la différence.
Le véritable nerf de la guerre reste les bases de données, car après tout a quoi peut bien servir un système d'information a part servir a stocker les informations de l'entreprise ? Or jusqu'a tout récemment, les ténors de ce segment ignoraient Linux.
En tete du pelotons, on trouve évidemment Oracle. Apres avoir longtemps boudé Linux, Oracle a en quelques semaines complètement change son optique quant a Linux. Il y a peu près 3 mois de cela, le 21 Juillet 1998 pour être exact, Oracle a annoncé, contre toute attente, le portage de sa toute dernière version 8 de son Système de Gestion de Base de Données sur Linux.
Cette annonce a fait l'effet d'une bombe ! A partir de ce moment, il est devenu rare de trouver un magazine d'informatique qui ne consacre pas au moins quelques lignes a Linux.
Il y a un mois, la version de pré-Production de Oracle 8.0.5 était disponible pour les 5000 premiers DBA qui s'inscrivaient chez Oracle, puis 15 jours après la version finale de Production était disponible en téléchargement sur le site d'Oracle. Oracle n'en reste pas la et annonce pour début 1999 la disponibilité de Oracle Applications release 11.
Selon les termes du responsable des produits Oracle sur plate-forme Intel, Linux compare a NT offre plus de stabilité de meilleures performances et accroit la sécurité pour les fournisseurs de services sur Internet.
Pour finir avec la stratégie d'Oracle sur Linux, il faut également noter qu'ils ont annonces des rapprochements avec les 4 principaux fournisseurs de Linux (RedHat, Suse, VA Research et Pacific HiTech)
ll y a un mois, la version de pré-Production de Oracle 8.0.5 était disponible pour les 5000 premiers DBA qui s'inscrivaient chez Oracle, puis 15 jours après la version finale de Production était disponible en téléchargement sur le site d'Oracle.
D'autres éditeurs de bases de données ont également déjà décliné des versions de leur produits pour Linux, comme Informix :
Informix a dors et déjà annoncé la disponibilité de ses produits INFORMIX-SE (une base de données légère avec une administration réduite destinée aux petites et moyennes applications), Informix Dynamic Server, la base de données d'Informix qui s'interface aisément avec Apache, le serveur Web gratuit livre en standard avec la quasi totalité des distributions Linux et enfin Informix Dynamic 4GL qui permet de construire des application clients/serveurs.
Sybase également n'est pas en reste avec son Adaptive Server Enterprise for Linux - Gratuit sous Linux !
3) La mise en pratique
En ce qui nous concerne, la machine de test que nous avons monté était destinée à Oracle pour des raisons de compétences et de tradition !
Le DBA Oracle avait en effet commande sur le site d'Oracle la version pré-production d'Oracle 8 server (la version est 8.0.5)
Pour monter la machine, il nous a fallu dénicher un PC. Les besoins de base concernaient la mémoire (64 Mb), l'espace disque (au moins 1 Gb) et la présence d'un lecteur de CD puisque tout était disponible sur CD. Le processeur voulu était un Pentium 120 au moins.
La machine de test a été un Compaq. Apres installation de Linux sans encombre (moins d'une 1/2 heure ! Le seul souci concernait la carte réseau, étant donne que celle des Compaq est propriétaire, mais heureusement Linux intégré un driver "expérimental" pour ce type de carte)
L'installation d'Oracle s'est faite tout aussi facilement. Cependant, la version de pré-production n'intégre pas toutes les options d'installations disponibles sur la version finale.
Pour effectuer des tests probants, le DBA a copie une base de Production sur le serveur. Tout s'est parfaitement déroulé.
Dans les jours qui ont suivis, nous avons effectué pas mal de tests sur cette machine. Les résultats nous semblaient excellents, bien que le temps CPU utilise par les requêtes pouvait sembler important pour un Pentium 120 comparé a la charge quasi nulle de la machine... Jusqu'au moment où l'on s'est aperçu que ce n'était pas un P120 mais un P75 !
4) Les résultats
Nous avons donc effectué un test très simple : Nous avons lancé une requêtes avec une jointure entre deux tables contenant respectivement 75000 et 165000 enregistrements. Cette même requête a été lancée sur la machine de Production d'où est extraite la base et sur notre petite machine Linux.
La machine de Production est un serveur HP K200 bi-processeur équipe d'au moins 392 Mb de RAM. Pour rappel, notre machine Linux est un Pentium 75 avec 64 Mb de RAM:
Lors du premier run, la requête a mis 52,31 secondes sur le serveur de production contre 30,46 secondes sur notre machine Linux ! Les temps CPU sont de 0.55 sur le serveur de Production contre 0.49 sur la machine Linux !
Lors du deuxième run, les tendances se sont inversées en faveur sur serveur de Production : 15,20 seconde contre 22,74 sur le serveur Linux. Cette différence s'explique facilement par le cache qui est plus important sur la machine qui a 392 Mb de RAM contre seulement 64 sur notre PC.
Le troisième run retourne en faveur de la machine Linux : 32,72 sec sur le serveur de Production contre 22,86 sur Linux. Là, cette différence peut s'expliquer par le fait que la le serveur Linux n'a aucune charge, contrairement au serveur de Production.
Ces résultats sont vraiment impressionnants !
J'ajouterai que nous avons également procède a des essais avec la machine Linux comme serveur X. Via le réseau local l'affichage est très rapide. Bien évidemment, j'ai installe XFce comme gestionnaire de fenêtres, et comme XFce est beaucoup plus léger que CDE dont il reprends l'aspect et les principes de fonctionnement, mais en attaquant directement la Xlib sans passer par Motif, la encore Linux devance bien des serveurs de Production !
On a également monté la dernière version 4.5 de Netscape Communicator et exécuter une application Java située sur un autre serveur via Linux et le navigateur de Netscape sur un poste connecté en X-Window via le réseau. Là encore, les résultats sont excellent.
5) Conclusion
On le voit, Linux devient une alternative très intéressante. Le applications sont bien plus nombreuses que ce que je pourrais imaginer vous présenter ici.
A prix réduit, avec Linux et Oracle, on est capable de monter un serveur simili Unix pour faire du test et du développement.
La déferlante Linux ne fait que commencer, et dans les mois qui viennent, ce "petit" systeme pourrait bien causer des soucis aux grand du secteur !